PAROLES D'UN JEUNE RÉSISTANT

Avant de lire un article dans " La Vie ", je ne connaissais pas Marcel Weinum . Je ne savais rien de ce groupe d'adolescents âgés de 14 à 16 ans qui prirent comme nom de résistance "La Main noire".
C’étaient des « ados », au mieux de jeunes adultes. De septembre 1940 à mai 1941, ils ont constitué à Strasbourg un réseau de résistants à l’occupant nazi. Marcel Weinum, qui en fut le fondateur, a été décapité en avril 1942. Il avait 18 ans.
 Lettre de Marcel Weinum

Marcel Weinum est né le 5 février 1924 à Brumath. Lors de l’évacuation de Strasbourg, sa famille est dirigée vers la Dordogne, puis revient en Alsace en août 1940. Dès le mois de septembre 1940, Marcel Weinum (alors âgé de 16 ans seulement) constitue un réseau de résistance, « La Main Noire » dont le but est de combattre Hitler et le nazisme. Le 8 mai 1941, Weinum et Ulrich lancent deux grenades à main dans la voiture du Gauleiter Wagner et prennent la fuite. Le 20 mai 1941, Weinum et son camarade Sieradzki partent en bicyclette en Suisse pour contacter le Consulat britannique. En chemin, ils sont arrêtés et transférés à la prison de Mulhouse. Sieradzki est abattu à bout portant en décembre 1941 au camp de Schirmeck. Marcel Weinum est exécuté le 14 avril 1942 à la prison de Stuttgart. Il obtient l’autorisation d’écrire une dernière lettre à ses parents, en langue allemande

                                                                            
  
Voici la traduction de cette dernière lettre de Marcel Weinum à sa famille, datée du 13/04/1942, veille de son exécution.  En la lisant on ne peut qu’être saisi par l’émotion. Elle témoigne d’une foi profonde en Dieu et du bien fondé de son engagement pour le salut de sa patrie malheureuse, la France

 

                                                                      Stuttgart, le 13 avril 1942

Chers parents et Mariette,

A l’instant, j’ai eu la triste communication que je serai exécuté demain matin à 6h. Chers parents, pour moi, cela n’est pas un malheur, car alors commencera pour moi une nouvelle vie, la vraie vie. Mais, malheureusement pour vous, c’est une bien douloureuse nouvelle. En particulier pour toi, chère Maman, qui m’as toujours tellement aimé, mais tu devras te faire à ce pénible sort. Pense à la douloureuse mère de Dieu qui a tellement aimé son très cher fils et l’a perdu aussi, devant même assister à tout son calvaire. Chère Maman, elle va prier pour toi auprès de Dieu, le miséricordieux. Il te consolera et t’aidera à continuer à vivre car, chère Maman, tu n’as pas encore le droit de mourir, tu as une famille, le cher père a besoin de toi, ainsi que la petite Mariette.

Donc, chère Maman, continue à vivre en paix et reste en bonne santé, nous nous reverrons un jour là-haut, au Paradis, auprès de Dieu et de ses Saints. Car, pour moi, il ne peut y avoir de doute que je n’aille au Ciel. Pour toi non plus. Je sais que tu souffres davantage que moi. Pour toi, le Christ aura préparé une couronne de laurier. Je t’offre la mienne car c’est à toi que revient tout l’honneur. Donc , chère Maman, ne désespère pas, reste en vie pour Papa et Mariette. Tu pourras attendre aussi longtemps jusqu’à ce que Dieu t’appelle auprès de moi.

Cher Papa, console ma mère, et reste toujours auprès d’elle. Tu es un homme, cher Papa, plus facilement que Maman tu trouveras le courage de me perdre sur cette terre. Pour cela, je te demande de consoler ma mère. Dieu te récompensera un jour. Et pense qu’un jour, nous serons à nouveau réunis, alors nous vivrons justement. La terre, ici-bas, n’a été créée par Dieu que pour éprouver les hommes. La vie réelle est au Ciel où règne le bon Dieu, le Roi juste. Alors, nous ne serons plus jamais séparés. Cher Papa, remercie tous les parents pour leurs prières, elles seront utiles à mon âme.

Chers Parents, soyez donc consolés par ma dernière lettre que vous recevrez lorsque je serai déjà auprès de Dieu. De mon côté, je prierai pour vous afin qu’il vous aide à surmonter votre peine. Saluez aussi de ma part, ma chère grand-mère, les membres de notre famille, nos amis, ainsi que la Sœur, ma tante. La chère grand-mère, je la verrai certainement bientôt au Ciel, je lui réserverai une belle petite place. Je saluerai de votre part mon cher frère et mon grand-père qui m’attendent certainement là-haut.

Dans un moment, je vais recevoir le Christ par la sainte Communion. Ainsi, tôt demain, je pourrai comparaître avec un cœur pur devant Dieu.

Maintenant, très chers Parents, je voudrais encore vous demander pardon pour toutes les peines que je vous ai causées, mais pensez que c’est Dieu qui l’a voulu. Nous avons beaucoup prié pour la rédemption sur la terre, Dieu m’a donné la rédemption éternelle. Que sa volonté soit faite, et non la nôtre. A la gloire de Dieu et pour le salut de notre âme. Vous m’avez élevé pour lui apporter ce sacrifice. Supportez-le sans deuil.

         Au revoir au Ciel. Vive Dieu le Roi

  .                                                                                              Marcel Weinum         

 

Extraits:
" Tout pour Jésus; moi-même je ne suis rien."
" Ils m'ont pris mon chapelet. Mais je prie sur les doigts... Ces gens ne savent pas que notre religion est sainte et constitue notre tout... Dieu ne leur permettra pas de réussir dans leur folie raciale et leur existence athée. Chère maman, je garderai toujours la religion. Je réalise maintenant ce qu'elle vaut. C'est pour elle aussi que j'ai combattu."

"Je serai exécuté demain à 6 h... Cela n'est pas un malheur, car alors commencera pour moi une nouvelle vie, la vraie vie... Dans un moment je vais recevoir le Christ par la sainte communion.  Ainsi, je pourrai comparaître avec un cœur pur devant Dieu... Que Sa volonté soit faite, et non la nôtre. A Sa gloire et pour le salut de notre âme. Au revoir au ciel. Vive Dieu le Roi."

 

Texte de la plaque apposée au collège Saint Etienne:
 

En septembre 1940

à l’initiative d’élèves de la maîtrise de la Cathédrale

25 garçons de 14 à 16 ans

ont créé ici l’un des premiers réseaux de résistance en Alsace

LA MAIN NOIRE

Arrêté par la Gestapo avec ses camarades,

leur chef, Marcel Weinum, a été condamné à mort

et décapité le 14 avril 1942. Il avait 18 ans.

 

« Si je dois mourir, je meurs avec un cœur pur. »

M.W.

 

         
              La main noire
 

A lire :   -  MARCEL WEINUM ET LA MAIN NOIRE

         Auteur : Gérard Pfister
        Éditeur : ARFUYEN

collections Carnets spirituels, 198 pages, 19 €.

 

 

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