Le sol est toujours aussi rouge à la cote 425 de Steinbach. Rouge comme le jus du raisin produit par les vignes plantées sur le site. Rouge, surtout, comme le sang versé par les nombreux soldats français et allemands qui y trouvèrent la mort au cours de l'une des plus sanglantes batailles de la Première Guerre mondiale, entre le 13 décembre 1914 et le 15 janvier 1915. C'est en leur mémoire qu'une stèle franco-allemande a été inaugurée hier, en présence de nombreuses personnalités : Jean-Pierre Balloux, sous-préfet de l'arrondissement de Thann, Thomas Gläser, consul général d'Allemagne, Michel Sordi, député-maire de Cernay et président de la communauté de communes, Markus Ragg, représentant la région de Freiburg, Jean-Paul Heider, vice-président du conseil régional d'Alsace, le conseiller général Charles Wilhelm, Pierre Hanss, maire de Steinbach, Etienne Haffner, président départemental de l'UNC, et Guido Nussbaum, concepteur du monument, sans oublier les hauts représentants militaires, les anciens combattants et de nombreux maires et élus. Côté militaire, deux sections du 152e RI et de la Brigade franco-allemande ont rendu les honneurs aux soldats disparus.
« L'enfer de Steinbach »
La cérémonie s'est déroulée sous le signe du souvenir et de la réconciliation entre la France et l'Allemagne. Les discours étaient d'ailleurs traduits en allemand. Pierre Hanss a évoqué « l'enfer de Steinbach », surnom donné à la cote 425 par les Poilus, qui ont enduré pendant la bataille de terribles conditions climatiques, et salué les hommes qui ont bâti l'entente franco-allemande : Robert Schumann, Jean Monnet, Konrad Adenauer, De Gaulle, etc. Michel Sordi a mis en avant « cette colline d'Alsace, ce lieu de mémoire qui se mue en symbole, celui de la volonté des hommes de paix et du lien révéré qui unit nos deux peuples, d'autant plus fort et inextricable que la défiance fut grande ». Thomas Glaser a fait part de son « incompréhension » devant les profanations récentes de cimetières, « incompréhension d'autant plus forte quand il s'agit de tombes de soldats tombés pour la patrie ». Citant Albert Schweitzer, il a déclaré que « les tombes des soldats sont de grandes prêcheuses pour la paix ». Il a aussi rappelé que l'amitié franco-allemande n'est pas seulement l'affaire des politiques, mais également des peuples : 7 millions de jeunes Français et Allemands se sont rencontrés, 5000 écoles et 2200 communes ont noué des liens de partenariat. Enfin, Jean-Pierre Balloux a évoqué l'Europe, « espace de tolérance, de construction, de développement et de bien-être ». Puis les quatre orateurs ont inauguré la stèle, voilée par le drapeau européen, découvrant un monument sobre en béton, modelé avec la terre rouge de Steinbach, et symbolisant une tranchée levée. Après un dépôt de gerbes françaises et allemandes, la sonnerie aux morts et une minute de silence, la cérémonie s'est achevée par l'hymne européen. Puis les participants ont été invités à participer au verre de l'amitié et de la réconciliation.