Engagé dans laRésistanceen
1942, il est arrêté puis fusillé par les Allemands à l'âge de 16 ans. Il
est nommécompagnon
de la Libérationà titre posthume en 1945.
Issu d'une famillecatholique,
Henri Claude Fertet est baptisé àVerdunleà l'église Saint-Victor. Fils d'un
instituteur (également prénommé Henri), il fait ses études primaires à
Seloncourt, où ses parents sont en poste. En 1937, il entre au lycée
Victor-Hugo deBesançon,
son père ayant été affecté cette année-là à l'école deVelotte.
C'est un élève passionné d'histoire.
Engagement
dans la Résistance
Lors des vacances d’été 1942, le jeune homme intègre un groupe de
résistance localisé àLarnodprès
de Besançon et dirigé par Marcel Simon. En, le groupe désormais formé d’une trentaine de membres
intègre l’organisation desFranc-Tireurs
et Partisans(FTP) sous le nom degroupe
Guy Mocquet, qui se structure rapidement dans l’objectif de la lutte
clandestine.
Opérations
Henri Fertet participe comme chef d’équipe à trois opérations : c’est
tout d’abord l’attaque du poste de garde dufort
de Montfaucon, le, dans l’intention de s’emparer d’un dépôt
d’explosifs ; l’opération entraîne la mort d’une sentinelle allemande.
Lesuivant, il participe, à proximité de Besançon,
à la destruction d’un pylône haute tension. Leenfin, sur la route Besançon-Quingey, il
prend part à l’attaque d'un commissaire des douanes allemand dans le but
de lui subtiliser arme, uniforme et papiers. Henri Fertet tire sur le
commissaire, le blessant mortellement. L’arrivée inopinée d’une moto
l’empêche de se saisir des documents.
Arrestation et
exécution
Avec d'autres membres du groupe, il est arrêté par les Allemands leà3 h 30.
Interné à la prison dela
Butte, il est fusillé le dimancheà7 h 36à
lacitadelle
de Besançon, à l'âge de 16 ans, avec quinze de ses camarades1.
Il est inhumé au cimetière deSaint-Ferjeuxavec
sept des autres fusillés. Leur sépulture, portant seulement des numéros
est, malgré l'interdiction allemande, abondamment fleurie jusqu'à laLibération.
Après la guerre, ses cendres, jointes à celles de son père décédé
entre-temps, sont dispersées àSermoyer(Ain).
Son nom figure sur le monument aux morts de cette commune.
Ma lettre va vous causer une grande
peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que, je n’en doute
pas, vous voudrez encore le garder, ne serait-ce que par amour pour
moi. Vous ne pouvez savoir ce que moralement j’ai souffert dans ma
cellule, ce que j’ai souffert de ne plus vous voir, de ne plus
sentir peser sur moi votre tendre sollicitude que de loin. Pendant
ces 87 jours de cellule, votre amour m’a manqué plus que vos colis,
et souvent je vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai
fait, tout le mal que je vous ai fait. Vous ne pouvez vous douter de
ce que je vous aime aujourd’hui car, avant, je vous aimais plutôt
par routine, mais maintenant je comprends tout ce que vous avez fait
pour moi et je crois être arrivé à l’amour filial véritable, au vrai
amour filial. Peut-être après la guerre, un camarade vous
parlera-t-il de moi, de cet amour que je lui ai communiqué. J’espère
qu’il ne faillira pas à cette mission sacrée.
Remerciez toutes les personnes qui se
sont intéressées à moi, et particulièrement nos plus proches parents
et amis ; dites-leur ma confiance en la France éternelle. Embrassez
très fort mes grands-parents, mes oncles, tantes et cousins,
Henriette. Donnez une bonne poignée de main chez M. Duvernet ; dites
un petit mot à chacun. Dites à M. le Curé que je pense aussi
particulièrement à lui et aux siens.
Je remercie Monseigneur du grand
honneur qu’il m’a fait, honneur dont, je crois, je me suis montré
digne. Je salue aussi en tombant, mes camarades de lycée. À ce
propos, Hennemann me doit un paquet de cigarettes, Jacquin mon livre
sur les hommes préhistoriques. Rendez « Le Comte de Monte-Cristo » à
Émourgeon, 3 chemin Français, derrière la gare. Donnez à Maurice
André, de la Maltournée, 40 grammes de tabac que je lui dois. Je
lègue ma petite bibliothèque à Pierre, mes livres de classe à mon
petit papa, mes collections à ma chère petite maman, mais qu’elle se
méfie de la hache préhistorique et du fourreau d’épée gaulois.
Je meurs pour ma Patrie. Je veux une
France libre et des Français heureux. Non pas une France
orgueilleuse, première nation du monde, mais une France
travailleuse, laborieuse et honnête. Que les Français soient
heureux, voilà l’essentiel. Dans la vie, il faut savoir cueillir le
bonheur.
Pour moi, ne vous faites pas de
soucis. Je garde mon courage et ma belle humeur jusqu’au bout, et je
chanterai « Sambre et Meuse » parce que c’est toi, ma chère petite
maman, qui me l’as apprise.
Avec Pierre, soyez sévères et tendres.
Vérifiez son travail et forcez-le à travailler. N’admettez pas de
négligence. Il doit se montrer digne de moi. Sur trois petits
nègres, il en reste un. Il doit réussir.
Les soldats viennent me chercher. Je
hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée ; mais c'est parce
que j'ai un petit crayon. Je n'ai pas peur de la mort ; j'ai la
conscience tellement tranquille.
Papa, je t'en supplie, prie. Songe
que, si je meurs, c'est pour mon bien. Quelle mort sera plus
honorable pour moi que celle-là ? Je meurs volontairement pour ma
Patrie. Nous nous retrouverons tous les quatre, bientôt au Ciel.
Qu'est-ce que cent ans ? Maman, rappelle-toi : « Et ces vengeurs
auront de nouveaux défenseurs qui, après leur mort, auront des
successeurs. »
Adieu, la mort m'appelle. Je ne veux
ni bandeau, ni être attaché. Je vous embrasse tous. C'est dur quand
même de mourir.
Mille baisers. Vive la France.
Un condamné à mort de 16 ans.
Expéditeur : Henri Fertet, au Ciel,
près de Dieu.
Excusez les fautes d'orthographe,
pas le temps de relire.4 »