110 nouveaux prêtres  en 2005 pour l'Eglise de France

Traditionnellement, les ordinations ont lieu le dimanche qui suit ou précède la fête de saint Pierre et saint Paul, le 29 juin. Les chiffres de cette année confirment la diminution du nombre d’ordinations

 

A peine plus de cent. Selon une enquête réalisée par La Croix, à partir des chiffres donnés par l’ensemble des diocèses, 105 prêtres ont ou seront ordonnés pour l’année 2005.

Ce chiffre confirme la tendance à la lente diminution des ordinations presbytérales depuis vingt ans, après un léger mieux en 2000 (145 ordinations cette année-là). Dans les années 1950, plus de mille prêtres étaient ordonnés chaque année. Les entrées aux séminaires ne sont guère plus encourageantes : en dix ans, elles ont chuté de moitié. Aujourd’hui, l’Église compte 13.510 prêtres en activité. Mais 3 637 seulement ont moins de 55 ans, et dans dix ans, certains diocèses devront fonctionner avec moins de dix prêtres...

Va-t-on vers une Église sans prêtres ? Pour le P. Robert Scholtus, secrétaire du Conseil national des grands séminaires et directeur du séminaire des Carmes, à Paris, le problème n’est pas là : «La question de fond, c’est celle des communautés chrétiennes, c’est ce nombre-là, celui des fidèles qui diminue, explique-t-il. Si on calculait le rapport entre le nombre de pratiquants et de prêtres, on serait bon. Le travail des nouvelles générations de prêtres, c’est justement de constituer des communautés solides.»

Sur le territoire, la baisse est sensible partout. Mais les grandes villes universitaires, où les jeunes sont plus nombreux, restent logiquement avantagées : Paris (mais la capitale ordonnait en 2002 17 jeunes séminaristes, et cette année, 11 seulement), Strasbourg, Toulouse, Nantes, Évry. À une exception, et de taille : Lyon, où aucun prêtre ne sera ordonné cette année. Les vocations sont une priorité du cardinal Philippe Barbarin qui vient de prendre des décisions lourdes visant à regrouper les deux séminaires (universitaire et Saint-Irénée) sur un seul lieu, pour rationaliser la formation, et lui donner plus de visibilité.

Ces nouveaux prêtres, qui arrivent sans complexe dans une Église minoritaire depuis de longues années déjà, vont être choyés par leurs paroissiens. Il a déjà fallu «des efforts considérables», comme le rappelle le P. Scholtus, pour leur permettre d’envisager cette vocation : «On a mis en place des lieux spécifiques pour attirer les jeunes, une année propédeutique [de discernement] par laquelle ils passent presque tous.» Et l’enseignement s’est adapté aux nouveaux profils. S’ils sont la plupart du temps issus de familles «unies, profondément chrétiennes, et souvent nombreuses», ils entendent l’appel beaucoup plus tard. «Aujourd’hui, tous ceux qui entrent en séminaire ont un métier ou de longues études. Il est difficilement concevable de commencer à 17 ans, comme il y a trente ans», note le P. Scholtus. Certains séminaires diocésains ont dû fermer faute d’étudiants : celui de Bayonne par exemple, il y a un mois.
Mais paradoxalement, d’autres rouvrent : ainsi à Nice. «On observe deux tendances, expose le P. Scholtus, les regroupements, inéluctables, et les réouvertures, dont le but est de donner plus de visibilités à des lieux proches des diocèses, et de susciter des vocations.»

Dans tous ces séminaires aujourd’hui, continue le P. Scholtus, «on est soucieux de la maturité affective des étudiants, de leur équilibre psychologique. Il y a des fragilités qui n’existaient pas avant. Certains sont un peu des "autodidactes de la foi", ou l’ont redécouverte après une coupure pendant l’adolescence». Mais l’orientation générale de l’enseignement – «former des hommes libres, capables de s’engager librement» – n’a pas changé. L’exigence non plus : «Il s’agit de former les prêtres dont l’Église a besoin, pas de faire du chiffre», insiste le P. Scholtus. Cette exigence a un prix : aujourd’hui, un candidat sur deux quitte le séminaire sans avoir été ordonné. Le «métier», en revanche, a beaucoup évolué, relève le secrétaire : «Être prêtre aujourd’hui, ce n’est plus un travail d’autorité, mais de collaboration avec d’autres, les laïcs engagés dans les paroisses.»

  Site du journal de la Croix                     La Croix du 29.6.2005               Guillaume BAROU avec Isabelle de GAULM