6. L'Ordre

 


 
L'Ordre à travers sa liturgie.
Partons de l'ordination d'un évêque pour dégager les caractéristiques spécifiques du ministère ordonné, car c'est l'épiscopat qui accomplit le sacrement de l'ordre dans toute sa plénitude.

> Au service d'une communauté
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L'ordination épiscopale, comme toute ordination, a lieu au cours d'une messe solennelle, présidée par l'évêque, avec de nombreux fidèles représentant toute la communauté. Le candidat est appelé par l'évêque célébrant au nom d'une communauté et de l'Église tout entière. La prière de l'assemblée ponctue la célébration, demandant à Dieu de bénir, sanctifier et consacrer celui qui est ordonné.

 > En réponse a un appel de Dieu et de l'Église.

  Le candidat ne choisit pas d'être ordonné. Il répond à un appel. C'est pourquoi, il commence par recevoir la bénédiction de Dieu qui le reconnaît comme son serviteur.
  Par l'imposition des mains et la prière spéciale d'ordination, l'élu reçoit le don de l'Esprit Saint qui agit en lui et par lui.
 
L'onction de la tête marque sa participation spéciale au sacerdoce du Christ.

> Pour une triple mission

  Rassembler la communauté, c'est la première mission de l'évêque à laquelle les prêtres sont associés. L'unité de l'Église locale et son union à l'Église universelle sont manifestées par des gestes et des actions symboliques.
 Deux prêtres du diocèse assistent le futur évêque, au nom de l'Église locale. La collégialité épiscopale est mise en évidence par la présence, non seulement de l'évêque célébrant, mais au moins de deux autres évêques. La remise de l'anneau, de la mitre et du pallium, marque sa fidélité envers l'Église, dans la succession apostolique. Le bâton pastoral est le symbole du pasteur responsable de la communauté. L'évêque est ensuite installé sur la cathèdre, siège qui marque sa place particulière à la tête de son diocèse.

Proclamer la Parole et la rendre vivante.
Évêques, prêtres et diacres sont au service de la Parole. Chacun reçoit une mission spécifique pour enseigner et prêcher l'Évangile.
Deux diacres tiennent l'évangéliaire au-dessus de la tête du nouvel évêque manifestant que la prédication de la Parole est sa charge principale. Le nouveau diacre reçoit solennellement l'évangéliaire. C'est lui qui proclamera l'Évangile au cours de la messe et prononcera l'homélie.

Sanctifier par la prière et les sacrements.

L'onction du saint chrême sur la tête du nouvel évêque manifeste qu'il est pénétré de la grâce de Dieu qui rend fécond son ministère. L'imposition de la mitre signifie la recherche d'une vie sainte à la tête de la communauté. En lui doit briller l'éclat de la sainteté. Le nouveau prêtre reçoit une onction sur les paumes des mains, elles qui vont sanctifier le peuple chrétien et offrir le sacrifice eucharistique. Il reçoit les vêtements liturgiques, l'étole et la chasuble qu'il portera pour présider l'assemblée. Le diacre reçoit l'étole.
En fin de célébration, un baiser fraternel est donné au nouvel évêque, au nouveau prêtre ou au nouveau diacre par l'évêque célébrant, les autres évêques, les prêtres et les diacres présents, la famille et les amis, manifestant l'amour fraternel qui unit les membres de la communauté.


                 Marie-France Bergerault      
    enseignante à l'Institut catholique de Paris
               Points de Repère n° 187

                                                                        > Paroisse

Le premier acte de Jésus rapporté par les  évangélistes est l'appel des disciples. Pour réaliser sa mission envers les hommes, il choisit d'avoir besoin d'eux. S'il multiplie lui-même les pains, ses disciples les distribuent (Mt 14, 36) ; s'il relève son ami Lazare, ses disciples le délient (Jn 11, 44). Jésus les envoie en mission deux par deux pour annoncer la Bonne Nouvelle, baptiser et imposer les mains, remettre les péchés.
     Les Actes des Apôtres témoignent de l'organisation des premières communautés autour des douze Apôtres, auxquels se joindront « Les sept » pour le service des veuves. Saint Paul parle aussi de prophètes, de docteurs, de ceux qui ont reçu le don de guérison, de discernent, de gouvernement, de parler en langue, d'interpréter...
Sous l'action de l'Esprit Saint, l'Église se constitue autour de Pierre, établi comme roc par Jésus lui-même et de ses compagnons. Leurs fonctions se développent autour de l'annonce de la Bonne Nouvelle, de la sanctification et de la communion fraternelle. C'est autour, par et pour la communauté que s'organisent ainsi différents services sous l'action de l'Esprit Saint. Et cet appel est toujours reçu par ceux qui sont ordonnés à la construction du corps du Christ, son corps eucharistique, son corps ecclésial, et à l'annonce de la Bonne Nouvelle.

Au fil de l'histoire.

 Dès le second siècle, l'Église organise les services autour de trois grands ministères :

 •Celui de l'évêque, l'épiscope, qui, à la suite des Apôtres, a la charge de veiller sur la communauté  et de la rassembler, de transmettre la Bonne Nouvelle du salut, de présider l'Eucharistie, baptiser et remettre les péchés.

  • Celui du presbyterium, collège d'anciens qui entoure l'évêque. Ce dernier les associera de plus en plus à ses responsabilités, les mandatant en son nom, au fur et à mesure que se développent les communautés.                  

  • Celui des diacres, du grec serviteur, choisis par l'évêque pour une mission particulière auprès des plus démunis.                 
 
Au cours des siècles, le service eucharistique  prend le pas sur le service de la communauté. Le prêtre devient un « diseur de messes », limitées à neuf par jour par le pape Léon II, au XI° siècle. Le célibat devient une condition d'accès au sacerdoce en 1073. La hiérarchie entre prêtres et évêques s'affirme ; le diaconat n'est plus qu'une étape avant la prêtrise.
  Au XVI° siècle, le Concile de Trente redonne au sacrement de l'ordre toute sa dimension. Les séminaires sont alors créés.
 
Le concile Vatican Il va repenser toute l'organisation du ministère comme service du Peuple de Dieu. Il n'y a qu'un seul grand prêtre Jésus Christ, et deux façons de participer à son sacerdoce : le sacerdoce baptismal et le sacerdoce ministériel pour ceux qui ont reçu « un pouvoir  sacré au service des fidèles ». Les ministres ordonnés sont serviteurs du Christ prêtre et agissent en son nom et en sa personne.