Les gestes des fidèles dans la liturgie.

La participation active à laquelle le concile Vatican II appelle les fidèles suppose que ceux-ci soient conscients de leurs gestes et de leurs attitudes dans la liturgie.

Pourquoi doit-on faire certains gestes lors de la messe ?

La liturgie de la célébration eucharistique ne s'intéresse pas seulement aux paroles prononcées. Elle fait aussi une grande place aux gestes et aux attitudes. Les fidèles sont à genoux, s'assoient, se lèvent, ils ont les mains jointes, ils inclinent la tête... Tout cela ne constitue pas un code ni un rituel. Les gestes liturgiques chrétiens sont un rappel, plus ou moins direct, des actes et des paroles du Christ. L'Eucharistie est d'ailleurs la mémoire de la Cène. Les gestes et attitudes sont aussi liés à des paroles dans les Écritures. Ainsi, dans l'une de ses lettres aux Philippiens, saint Paul évoque la génuflexion en parlant du Christ : « Aussi Dieu l'a-t-il exalté et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom pour que tout, au nom de Jésus, s'agenouille, au plus haut des cieux sur la terre et dans les enfers » (Première Épître aux Philippiens 2, 9).

Comme l'a rappelé Vatican II, l'assemblée doit participer pleinement à la célébration eucharistique. La Présentation générale du Missel romain (PGMR) indique d'ailleurs que l'assemblée ne doit pas être simple spectatrice durant la cérémonie. « Les attitudes communes à observer par tous les participants sont un signe de l'unité des membres de la communauté chrétienne rassemblée dans la Sainte Liturgie ; en effet, elles expriment et développent l'esprit et la sensibilité des participants » (PGMR 42). Ainsi le corps est-il un moyen d'aller à la rencontre de Dieu et chaque geste ou parole, chaque action, contribue à la prière et à la célébration. Car celle-ci n'est pas une simple réunion humaine. Durant la messe, le Christ est présent parmi les fidèles : « Que deux ou trois, en effet, soit réunis en mon nom, je serai là au milieu d'eux » (Matthieu 18, 20). D'où l'importance de la conscience de cette présence. Le geste révèle au fidèle qu'il est devant Dieu. « Ce résultat sera obtenu si (...) la célébration tout entière est organisée pour favoriser chez les fidèles cette participation consciente, active et plénière du corps et de l'esprit, animée par la ferveur de la foi, de l'espérance et de la charité » (PGMR 18).

Comment doit-on se comporter à l'assemblée dominicale ?

Les gestes et positions des fidèles s'inscrivent dans le déroulement de la célébration. Ils sont en lien avec la signification des paroles et des gestes du célébrant. Chaque position a une signification symbolique forte. Être debout, par exemple, signe de respect, d'écoute, a aussi une signification qui renvoie à l'homme debout, à l'image du Ressuscité. Par leurs gestes et attitudes, les fidèles doivent avoir pour but « que toute la célébration manifeste une belle et noble simplicité, que soit perçue toute la vraie signification de ses diverses parties et que soit favorisée la participation de tous » (PGMR 42).

Les attitudes et les gestes de l'assemblée ne doivent pas revêtir un caractère trop ostentatoire. « Le geste vient de l'intérieur », explique Sœur Catherine Aubin, dominicaine et auteur de Prier avec son corps (1), pour qui il ne s'agit pas non plus de sombrer dans le mimétisme. Mais chacun doit aussi veiller à ne pas se démarquer dans l'assemblée et à respecter les coutumes. Car c'est une assemblée, formant un tout - un seul corps - qui s'est réuni. La PGMR précise même que les conférences épiscopales de chaque pays doivent « adapter les gestes et les attitudes décrits dans l'Ordinaire de la messe à la mentalité et aux justes traditions des peuples » (PGMR 43). Il s'agit de respecter les coutumes du pays. C'est ainsi qu'en Afrique, l'assemblée est assise pour écouter l'Évangile, cela en signe de respect. De même, la communion des fidèles peut se faire dans la main ou dans la bouche, selon les sensibilités de chacun. Même chose pour le temps qui suit la communion : « Les fidèles seront assis (...) si on le juge bon, pendant qu'on observe un temps sacré après la communion » (PGMR 43).

Où sont inscrits les gestes et positions des fidèles ?

C'est le Missel qui indique les textes et la liturgie à suivre durant les célébrations, tant par le prêtre que par l'assemblée. La Présentation générale du missel romain (PGMR), publiée en 1970 (2) et qui explicite la manière de célébrer, donne aussi des indications sur l'attitude des fidèles et la tenue de la célébration. Les gestes et les positions des fidèles ont un peu varié au cours des siècles. Si les premiers chrétiens ont souvent été debout durant la messe, au XVe siècle c'est la position agenouillée qui est mise en avant. Dans la PGMR, l'Église indique : « En énonçant les règles  

 selon lesquelles le rite de la messe serait révisé, le IIe concile du Vatican a ordonné, entre autres, que certains rites "seraient rétablis selon l'ancienne norme des Pères" » (PGMR 6), soulignant ainsi une continuité de la liturgie. Elle précise aussi que les pères du Concile « ont répété les affirmations dogmatiques du concile de Trente, ils ont parlé à une époque bien différente de la vie du monde ; c'est pourquoi, dans le domaine pastoral, ils ont pu apporter des suggestions et des conseils qu'on ne pouvait même pas prévoir quatre siècles auparavant » (PGMR 10).

                                                                                                                                                           Valérie-Anne MAITRE

Du côté des orthodoxes et des protestants.

Orthodoxie. Durant la Divine Liturgie orthodoxe, l'assemblée des fidèles reste généralement debout. Le signe de croix est effectué à chaque invocation de l'Évangile. Lorsqu'ils font ce signe, les orthodoxes joignent le pouce, le majeur et l'index de la main droite pour symboliser la Trinité. Les deux autres - repliés sur la paume - évoquent la double nature humaine et divine du Christ.

À l'inverse des catholiques, les orthodoxes se signent de droite à gauche, car c'est à droite du Père, qu'est assis le Christ. Mais une autre interprétation est possible; La droite représente la miséricorde tandis que la gauche signifie la rigueur et la loi. La miséricorde prime sur la Loi. Il semble que dans les premiers temps, les chrétiens occidentaux se signaient dans le même sens que les chrétiens orientaux.
La liturgie orientale comporte de nombreuses de nombreuses prosternations: les métanies. Elles sont accompagnées d'une invocation demandant à Dieu sa pitié et d'un signe de croix. Elles se font au cours des prières, avant de recevoir la communion ou devant les icônes par exemple. L'assemblée se prosterne aussi lorsque le prêtre sort de l'autel avec le calice. L'inclinaison du buste est appelée petite métanie, la prosternation jusqu'à terre est dite grande metanie. L'assemblée est aussi invitée à embrasser des icônes et l'évangéliaire. des icônes et l'évangéliaire. |

Protestantisme. Chez les protestants, les gestes et attitudes des fidèles sont plus limités que dans les célébrations catholiques ou orthodoxes. Les luthériens, dont la  est restée proche de la liturgie catholique, commencent le culte en priant - debout - à leur place et se signent après la bénédiction du pasteur qui clôt le culte. Rassemblés autour de l'autel, ils s'inclinent après la Sainte Cène.

Dans les Liturgies protestantes, la position de l'écoute, assise donc, est largement privilégiée. Dès le XVI° siècle, les temples comportaient des bancs pour que l'assemblée écoute la prédication. Alors que les réformés se lèvent pour chanter et s'assoient pour écouter, les luthériens chantent assis et se lèvent pour prier. Les évangéliques sont davantage en mouvement, en particulier parce que la musique les y incite.
 

       Site du journal de la Croix                                                                                                                                          La Croix du samedi 26/01/2008