Situé entre Cernay et Steinbach, Birlingen fut une ferme, un village et un prieuré. Mais le site a surtout connu son heure de gloire grâce à une statue miraculeuse.
L’édifice est sur le chemin de Saint-Jacques : un panneau apprend que Compostelle se trouve 2 177 petits kilomètres plus loin. Décidément, l’endroit est lié aux pèlerinages… Car avant la Révolution, la chapelle n’était pas une simple étape : elle était le but de la dévotion des pèlerins. À l’époque, elle abritait une Vierge dite miraculeuse parce qu’elle revenait d’elle-même à Birlingen quand on voulait l’installer ailleurs (lire encadré ci-contre)…
Mais l’histoire du site est bien antérieure. Dès le XIII e siècle est citée La « cour de Burtlingen », dépendante de l’abbaye de Lucelle. Cette ferme cultivait la vigne et jouissait de certains privilèges. À partir de la fin du XVI e, l’endroit devient aussi un prieuré (petit monastère). Une agglomération s’est formée sur le site, mais elle a, semble-t-il, assez vite périclité (avant la guerre de Trente Ans).
Mais tandis que Birlingen disparaissait en tant que village, il connaissait donc son heure de gloire, aux XVII e et XVIII e siècles, en tant que pèlerinage. À partir de 1606 (date de la consécration d’une nouvelle chapelle), les habitants des environs y affluaient en processions, dans un ordre précis : ceux de Wittelsheim le samedi de la semaine des Rogations (au printemps), ceux de Cernay le jour de l’Assomption et ceux de Vieux-Thann le 14 septembre.
La Révolution a tout… révolutionné. En 1791, la chapelle et les deux dernières maisons de Birlingen furent déclarées biens nationaux et vendues. Et dès 1803, un fabricant de papier a démoli la chapelle pour réutiliser ses pierres.
De
son côté, la
statue a connu un
destin assez
romanesque. Le vicomte
de Bussière,
auteur en 1862 d’un
ouvrage sur les
pèlerinages
alsaciens à la Vierge,
raconte qu’elle a été
sauvée du feu par
des enfants
de Wittelsheim,
en 1793. Ce qui est
sûr, c’est qu’elle a
été recueillie et
cachée (dans le foin)
par la famille
Schnebelen,
de Cernay.
Celle-ci la confia
ensuite à son église
et la dota d’une garde-robe
appropriée aux
diverses fêtes. La
Vierge à l’enfant a
été sauvée une
nouvelle fois pendant
la Seconde
Guerre
mondiale, et cette
fois par un soldat
allemand : le
Feldwebel Engstler la
fit transporter à
Strasbourg…
La chapelle de Birlingen a été remplacée par un oratoire, puis un calvaire, puis un nouvel édifice bâti en 1894… et détruit vingt ans plus tard, en 1914, lors des combats de la « cote 425 ». Elle a été reconstruite en 1930 et consacrée en 1932. C’est celle que croisent aujourd’hui les pèlerins de Compostelle. Mais la statue miraculeuse n’y est plus : elle a trouvé sa place à la gauche du chœur de l’église de Cernay. Et apparemment, elle n’est plus d’humeur à en bouger.
DÉJÀ PARU Saint-Léger (14 juillet) ; Butenheim et Hammerstatt (19 juillet) ; Leibersheim et Durrengebwiller (29 juillet) ; Bleienheim et Sermensheim (5 août).
le 12/08/2012 à 05:00 par Textes : Hervé de Chalendar